DR Détournement de jouet.

l n'y a pas que le roquefort dans la vie. La fameuse mobilisation «citoyenne» du sommet de Seattle a surpris les caciques, pas les internautes qui avaient suivi la montée en puissance de la grogne anti-OMC, notamment grâce au Grain de sable, excellente lettre d'infos par courrier électronique de l'association Attac. Le réseau des citoyens n'est pas qu'une utopie, à preuve les actions de plus en plus spectaculaires de ceux qu'on appelle «hacktivistes», non pas qu'ils soient forcément pirates informatiques, mais parce qu'ils revendiquent haut et fort une filiation avec la désormais culte TAZ ou «zone d'autonomie temporaire» (2), «brûlot» théorique qui prône la «désobéissance électronique civile». Leurs moyens d'action? Le détournement de nom de site (Bush, Giuliani ou Nestlé en ont fait les frais), la manifestation virtuelle ou, pour les plus virulents, le piratage informatique. Aux Etats-Unis, ®™Mark, lancé par des artistes, s'attaque à tous les symboles de l'économie libérale, de la poupée Barbie à Disney. Pendant le sommet de Seattle, ils avaient créé le site «gatt.org», acide caricature du site officiel. Aujourd'hui, c'est à une campagne internationale de harcèlement électronique que ®™Mark appelle, pour «détruire eToys.com», qui vend des jouets sur l'Internet et ce d'ici à Noël. Le vendeur a eu la mauvaise idée de saisir la justice pour faire fermer un site, «etoy.com», dont le nom avait pourtant été déposé en 1995, soit avant qu'eToys ait commencé son e-business, au seul motif que les artistes conceptuels européens qui y participaient (en détournant avec humour et provocation les publicités et autres icones du jouet) faisaient dans la pornographie et le mauvais goût. Mal lui en a pris. Depuis le 29 novembre, pas un jour ne se passe sans qu'un site miroir (copie du site interdit) soit mis en ligne par des internautes. ®™Mark va plus loin en organisant un sit-in virtuel: «Pourquoi la culture globale devrait-elle être dominée par le business? demande le porte-parole de ®™Mark. Le Net est le terrain de jeux qui pourrait permettre un partage mondial du pouvoir inexistant aujourd'hui.» Les modes d'action sont multiples: vous pouvez bombarder de mails le site officiel d'eToys, programmer votre navigateur pour qu'il rappelle «automatiquement dans un intervalle de quelques secondes les pages de la cible», comme l'explique le site de la Federation of Random Action pour «perturber les accès vers le site cible» ou encore le pirater. Ces techniques de technoguérilla sont pour le moins efficaces: l'action d'eToys est tombée de 67 à 45 dollars.

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