BABIL WEB

Par Christine Tréguier

 

Censure par la bande

 

 

Le 3 décembre un communiqué émanant de Dow Chemical et renvoyant sur le site www.Dow-Chemical.com est envoyé à quelques milliers de journalistes. Le géant des pesticides et des hydrocarbures y explique que « nombre de personnels de Dow déplorent sincèrement le désastre de Bhopal », mais qu’en raison de leurs « responsabilités vis à vis de [leurs] actionnaires et partenaires industriels, [ils] ne peuvent rien faire pour Bhopal ». Les victimes de cette catastrophe provoquée le 3 décembre 1984 par une fuite de pesticide de l’usine Union Carbide de Bhopal ( Inde) sont estimées à 20 000. Certaines ont reçu entre 300 et 500 euros de « dédommagement » après l’accident. Depuis, Union Carbide, et Dow qui l’a rachetée en 2000 nient des responsabilités pourtant évidentes.  Répercuté par les médias, le communiqué a suscité quelques commentaires d’actionnaires se disant soulagés de la déclaration de Dow.

 

Mais voilà il s’agissait d’un vrai-faux site, et d’une opération d’agit prop’ lancée par les inénarrables Yesmen – connus pour le faux site de l’OMC gatt.org. Dow a réagi en faisant fermer le soir-même par Verio, le fournisseur de bande passante, le serveur alternatif Thing.net, hébergeant la parodie. Déconnectant du même coup pendant 24H des centaines d’ONGs, d’associations politiques et alternatives et d’abonnés. Le vrai-faux site a été cloné comme il se doit, Thing.net a rouvert,  mais l’affaire ne s’arrête pas là. Les responsables de Thing.net ont été avertis par Verio qu’ils avaient 60 jours pour se trouver un autre fournisseur. Au motif d’ "infractions répétées au droit des marques »  et d’être un "havre de paix" pour ce genre d’actions. Chez Thing.net, on s’interroge sur la portée juridique de cet avertissement qui pour le moment reste verbal : un fournisseur peut-il unilatéralement et impunément rompre son contrat ? Verio qui pourrait se contenter de filtrer les sites « illicites », menace de fermer un serveur complet. Manoeuvre d’intimidation, ou sanction exemplaire concertée, destinée à dissuader tous ces contestataires qui salissent l’image des grandes multinationales ?

 

D’autant que la multinationale n’a pas besoin des Yesmen pour avoir mauvaise image. Elle est poursuivie par des centaines de personnes victimes d’implants siliconés qui fuient, par d’autres pour d’anciennes histoires de pollution à l’amiante ou l’on retrouve Union Carbide. Elle fait également dans les semences modifiées pour résister aux pesticides (les leurs) et aux nuisibles, chimères dont la preuve de l’inocuité n’est jamais apportée. Elle a fait une OPA sur les industriels est-européens de la chimie et là aussi on sait que la catastrophe arrivera un jour ou l’autre. Enfin, les chimiquiers ayant été unanimement reconnu responsables des principales  pollutions des40 dernières années, et Dow étant implanté dans un très grand nombre de pays riches et moins riches, avec à son actif des produits comme Styrofoam, le DDT, and l’Agent Orange, on vous laisse tirer les conclusions.

 

Sous couvert d’ atteinte à l’image et de contrefaçon, les multinationales, aidées par leurs alliés, aprdois filiales, les opérateurs de communication, censurent leurs détracteurs.  L’économie globale ne peut pas, ne doit pas être contestée, et les pertrubateurs en la matière comme en matière de dissension politique, seront mis au ban, voire hors d’état de nuire. Mais qui est le plus condamnable : le pollueur protégé par la loi et l’argent , ou l’activiste qui le dénonce ?

 

IMAGE / http://www.citedelajoie.org/index.php3?rub=actions&page=2

Les victimes du plus grand désastre industriel de l'histoire, la catastrophe de Bhopal, sont des femmes qui souffrent toujours.