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Voter, c'est facile et ça peut rapporter gros !
  par Matthieu Auzanneau
mis en ligne le 18 août 2000
Un site d'enchères propose aux électeurs américains de vendre leurs voix au plus offrant.

© DR
Comme tous les quatre ans, le grand Barnum des présidentielles américaines déroule ses flonflons, ses ragots et ses millions de dollars dépensés en spots publicitaires. Tout ça pour un scrutin qui pourrait bien battre un nouveau record d'abstentions (51 % en 1996). Pour James Baumgartner, fondateur du site voteauction.com, un seul argument peut inciter les électeurs à faire un choix entre "Gush" et "Bore" : l'argent.

Vote par procuration
Les votants indécis (ou en mal de liquidités) n'ont qu'à s'inscrire sur le site, mis en ligne le 1er août dernier. Il n'y a plus qu'à attendre que des offres soient faites, et le tour est joué. Voteauction garantit que les voix iront au candidat qui aura remporté les enchères. La somme finale sera répartie entre les personnes inscrites, le site conservant 10 % du montant total. Comment être sûr que les électeurs voteront pour la bonne personne une fois dans l'isoloir ? C'est simple : ils ne s'y rendront pas. Ils enverront des procurations à voteauction, qui se chargera de les compter et de les vérifier, avant de renvoyer les chèques. Baumgartner, dont voteauction est le sujet de thèse en sciences politiques, défend son idée : "Toutes les grandes sociétés américaines dépensent des sommes colossales dans le financement des campagnes électorales [2 milliards de francs en 1996, soit deux fois plus qu'en 1992, NDLR] afin de voir leurs intérêts défendus. Non seulement ce système économique est inefficace, mais les citoyens n'en profitent pas."

"Une jolie provocation"
Les enchères sont avant tout destinées aux entreprises et aux groupes de pression. Voteauction ne démarchera pas directement les partis politiques : une façon de contourner l'écueil juridique le plus patent. Mais des écueils, il y en a bien d'autres. Pour Nicole Bacharan, professeur à Sciences-Po et spécialiste des États-Unis, le principe de Voteauction ne tient pas la route : "C'est un gadget qui volera en éclats au premier procès." L'historienne lui reconnaît cependant quelques vertus. Elle y voit "une jolie provocation (…) qui souligne à quel point le système électoral américain dépend de l'argent." La chercheuse insiste : "Les élus américains sont de moins en moins libres de leurs choix politiques parce qu'ils passent leur temps à essayer de collecter de l'argent auprès des grands groupes industriels pour pouvoir financer leur prochaine campagne. Les électeurs le savent et ça en dégoûte plus d'un."

Un arrêt de 1976
Plein d'optimisme, James Baumgartner croit dur comme fer à la solidité légale de son système. Il compte s'appuyer sur un arrêt de la cour suprême américaine, daté de 1976 et baptisé "money equals speech" (quelque chose comme : "l'argent a la même valeur que la parole"). Cet arrêt rend légitime le libre usage de l'argent dans la vie politique, en particulier lors des élections. "L'Amérique vit dans un système où payer pour gagner des élections est toléré sans problème. Pourquoi serait-il immoral de vouloir directement acheter des voix ?", s'interroge Baumgartner, avec un cynisme non dissimulé. Il faut dire qu'il y a beau temps que la valeur pécuniaire du vote n'est plus un tabou aux États-Unis. Le rôle joué par le syndicat mafieux des camionneurs de Jimmy Hoffa dans la très courte victoire de John Kennedy en 1960 est, par exemple, une affaire entendue. Baumgartner rappelle sur son site que le fondateur de la nation américaine lui-même ne renâclait pas à graisser quelques pattes : "En 1757, lors d'une élection en Virginie, Georges Washington a acheté les 391 voix de sa circonscription contre trois litres d'alcool par électeur." Si c'est une affaire de tradition…

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Lien(s) de l'article :
http://www.voteauction.com
Site d'une fondation de recherche indépendante américaine. On y découvre qui finance la politique américaine, et comment.
http://www.opensecrets.org

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