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2000
BBA
2001
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Andy, des Yesmen
Catégorie Prix VoltaireAndy, par ailleurs membre de
RTMark(.com), groupe d'artistes/hacktivistes passés maîtres dans
l'art de combattre et ridiculiser les puissants, fait partie des
Yesmen, collectif auteur de gatt.org, site web parodiant le site de
l'OMC. Il a ainsi plusieurs fois été invité à s'exprimer, en tant
qu'officiel de l'OMC, à des conférences, profitant de l'occasion
pour démontrer les coupables dérives idéologiques de ceux qui
prétendent à la "gouvernance" du monde, et se font les chantres de
la novlangue du "libre marché".
http://www.gatt.org/ http://www.theyesmen.org/finland/
http://www.transfert.net/fr/cyber_societe/article.cfm?idx_rub=87&idx_art=7967
L´intrus de l´OMC par Alexandre Piquard mis en ligne
le 26 décembre 2001
Andy est un artiste d´un autre genre :
il se fait passer pour ce qu´il n´est pas, pour mieux faire passer
son message mi-artistique, mi-politique. "Attention : faux site
de l´OMC (http://www.gatt.org) trompeur et nuisible pour les
utilisateurs sérieux." C´est avec ce communiqué un peu timide que
l´Organisation mondiale du commerce voulait, le 30 octobre dernier,
mettre le monde en garde contre une bande d´imposteurs qui s´était
déjà payé sa tête à plusieurs reprises, et avec la manière : les
Yesmen. À la tête de ce collectif de quelques activistes répartis
entre l´Europe et les États-Unis, Andy, un Américain souriant de 37
ans, qui est venu s´installer à Paris au printemps "après avoir
passé dix ans à éviter les dotcoms à San Francisco"...
L´avertissement de l´OMC fait franchement sourire Andy, qui
s´est déjà fait passer trois fois en un an pour un speaker officiel
de l´OMC lors de représentations officielles.
Le schéma est
toujours le même : les organisateurs envoient par erreur un mail à
Gatt.org pour inviter Mike Moore, le vrai président de l´OMC à
s´exprimer. Andy répond que Mike Moore est indisponible, mais qu´il
enverra un autre membre de l´OMC en remplacement. Andy troque son
jean-tee-shirt-baskets pour un costume noir et vient délivrer un
discours poignant d´ultralibéralisme, choquant et délirant, à un
public qui ne bronche pas. La première fois, c´était à
Salzbourg, en octobre 2000, devant 50 membres du Center for
International Legal Studies, la seconde fois à Paris, le 19 juillet
2001, lors d´un débat sur la mondialisation organisé par une chaîne
câblée américaine, où Andy s´est retrouvé en duplex face au chairman
d´Accenture et au dirigeant d´une ONG américaine anti-OMC. La
dernière apparition a eu lieu lors d´une conférence sur le futur de
l´industrie textile, organisée par l´université technique de
Tampere, en Finlande, face à 150 officiels et businessmen.
Sidérés de ne pas être démasqués, les Yesmen ont forcé le
trait. Après avoir traité Gandhi "d´idiot protectionniste", proposé
la privatisation de l´éducation pour que les enfants des
anti-mondialisation puissent lire l´économiste libéral Adam Smith,
et critiqué Lincoln pour avoir aboli l´esclavage au États-Unis au
lieu de laisser le libre échange le transformer en sous-traitance
dans le tiers-monde, Andy a atteint son zénith en Finlande. Couillu,
il a terminé son speech en combinaison moulante dorée, affublée d´un
pénis géant avec écran à cristaux liquides, soit-disant "un costume
de loisirs pour manager du futur" mis au point par l´OMC. Le
tonnerre d´applaudissements n´a fait que prouver une fois de plus le
message d´Andy : "On peut dire n´importe quoi et prôner les mesures
les plus fachos quand on est l´OMC".
Dans sa chambre du 11e
arrondissement parisien, on comprend qu´Andy n´ait pas besoin de
grand-chose pour raviver, avec ses complices, une tradition
militante plus proche des Marx Brothers que de la CGT : son bureau
accueille un ordinateur portable, un Palm, une caméra numérique et
des disques durs, sur le lit traîne un numéro du Monde Diplomatique
et au porte-manteau est accroché le masque à gaz des manifestations
contre le G8 à Gênes. Pour se protéger, le héros de la dérision
institutionnelle se cache derrière divers pseudonymes, notamment
parce qu´il est informaticien pour un grand opérateur téléphonique
français. En rentrant du boulot, il tient le site des Yesmen et
prépare l´avenir avec d´autres activistes américains et européens.
"Il faut qu´on aille encore plus loin. La prochaine fois, on sera
obligé de parler de nazisme", lance Andy avec malice. La prochaine
fois ? Ah oui, les Yesmen viennent de recevoir une nouvelle
invitation officielle et feront encore parler d´eux, en mai
prochain.
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